Le père Noël de la Gare de l'Est - Alexandra Fresse

Publié le par les mille univers

Un homme rougeaud à la barbe blanche et sale est assis sur les escaliers du métro. Une petite fille s’arrête, sa mère est déjà loin devant. Ouvre ses grands yeux clairs : serait-ce le Père Noël ? L’homme a le visage fermé, la lèvre tombante. Abattu. Son chien surgit, la queue battante, et va poser une truffe humide sur la main qui se lève de l’enfant.

 

L’homme atone redresse la tête. Son regard s’illumine, un peu, ses broussailleux sourcils en accents circonflexes : "Une petite pièce Mamzelle ?" La fillette interloquée a le sourire qui tremble. Quel langage parle-t-il là ? Elle le croyait du grand Nord, du pays des Eskimos et des rennes au langage plein de lichen et de consonnes. La caresse pour le chien en reste suspendue, et le cabot se recouche, dépité, las, une patte sur l’oreille.

 

Le vieil homme observe avec intérêt le manège entre l’animal et l’enfant. Car son fidèle compagnon a repris espoir, il s’approche à nouveau… La gamine et sa main sont toujours immobiles. Mais dans ses yeux, ses yeux immenses, un océan de larmes : Non vraiment, ça ne peut pas être le Père Noël. Assis là, crade, laid, pauvre et français, sur les marches du métro de la Gare de l’Est !?

Publié dans Terine

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